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Gen-Z, les cocus de la rue publique ?


Illustration créée par AI.

Depuis plusieurs jours, on voit sur les réseaux sociaux de plus en plus de jeunes de la Gen Z s’irriter des critiques à l’encontre de leur mouvement, accusé d’avoir manqué de leadership au-delà du rassemblement et de vision politique dans un combat politique. Pendant plus de deux semaines, ils ont traité de haut les conseils et recommandations au nom du refus de tout paternalisme à leur endroit. Cette posture est tout à fait louable, et c’est d’ailleurs cet esprit impertinent et rebelle qui a été à la base de leur formidable mobilisation ayant fait chuter Rajoelina.

Oui, mais.

N’en déplaise à leur amour-propre, il faut qu’ils se rendent compte qu’ils ont raté la népalisation de Madagascar : bien entendu, on ne parle pas ici de la violence, mais de la capacité à influencer le choix du dirigeant de transition. En effet, c’est la Gen Z népalaise qui a été à l’origine de la nomination de Sushila Karki, Premier ministre par interim. En comparaison, la campagne de membres éminents de la Gen Z Madagascar en faveur de l’ancienne ministre de la Justice Noro Razafindrakoto a été ignorée.

Une des grandes différences entre les mouvements de la Gen Z à Madagascar et au Népal a été la visibilité du leadership, absente à Antananarivo mais forte à Katmandou à travers notamment le leader de la société civile Sudan Gurung (36 ans). Cette visibilité lui a permis d’avoir la notoriété suffisante pour être un interlocuteur direct lors des discussions avec le chef de l’État et l’armée vers une sortie de crise. Hélas, aucun leader de la Gen Z malgache n’a été capable d’avoir cette place à la table des négociations.

Au final, la Gen Z semble avoir eu juste une utilité, celle de servir de marchepied aux députés. Cela est très dommage : ils ont mobilisé la population, affronté balles et grenades lacrymogènes, payé de leur sang et de leurs larmes leur engagement, mais ils sont peu à peu écartés malgré les paroles rassurantes des uns et les actes ala-safay des autres. Exemple : l’Assemblée nationale a rencontré la Gen Z hier à Tsimbazaza. Pourtant, quand on interroge les leaders de la Gen Z à l’échelle nationale, personne n’est vraiment au courant des critères de sélection de ces représentants.

En fait, une des limites de l’approche Gen Z est la coexistence de nombreuses composantes se réclamant d’elle, et qui s’affirment toutes légitimes à représenter le mouvement. Une recherche de pages Facebook Gen Z Madagascar en fait apparaître au moins 68 avec une audience allant de 1 à 11k followers. Cela illustre comment le nom a été fortement utilisé pour tenter de récupérer la marque. On a aussi vu des groupes se réclamant de la Gen Z Madagascar aller quémander des sièges. Il est donc à craindre que des politiciens peu scrupuleux se mettent aussi à créer une composante pour servir d’interlocuteur complaisant et de prétexte à une image de dialogue avec la Gen Z. Le comble serait que l’on voie un jour apparaitre un Gen Z Madagascar Mapar, car il y a évidemment des partisans de Rajoelina nés entre 1996 et 2010.

Une opportunité qui reste à saisir par la Gen Z est de s’unir pour exiger la mise en place d’un véritable Parlement des jeunes, dont elle aurait à définir le rôle et les modalités de fonctionnement. Il lui faudra batailler pour l’imposer dans le paysage politique comme un garde-fou face aux politiciens et aux institutions, et également comme force de proposition. La Gen Z a des jeunes instruits, expérimentés et ayant montré dans le passé leur capacité d’engagement. Reste à savoir si elle va prendre les leçons du passé récent et réussir à avoir une voix dans la désignation des ministres, à défaut d’avoir pu et su le faire pour le premier d’entre eux.

Des jeunes de la Gen Z ont affiché leur position pro-russe lors de la manifestation deux jours avant que le Capsat n’agisse. Hasard ? Cas isolés ? Éléments de la stratégie d’ensemble ? (Source : Facebook)

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