Histoire

Histoire du Népal : des royaumes anciens à la république moderne

Le Népal, petit pays enclavé de l’Himalaya, possède une histoire riche et complexe, marquée par l’influence des civilisations indiennes et tibétaines, les royaumes médiévaux, l’unification nationale par les rois de Gorkha, la monarchie absolue, puis la transition vers la démocratie. De la fondation de la vallée de Katmandou à l’avènement de la république fédérale, chaque époque a laissé une empreinte durable sur la culture et l’identité du pays.

Les origines anciennes du Népal

Les premières traces de civilisation dans l’actuel Népal remontent à plus de 2 500 ans. Selon la tradition, le Bouddha, Siddhartha Gautama, est né vers le VIe siècle av. J.-C. à Lumbini, dans la région du Teraï. La région a ensuite été influencée par les empires indiens, notamment les Maurya et les Gupta, qui ont diffusé l’hindouisme et le bouddhisme.

La vallée de Katmandou devient rapidement un centre culturel et politique important, avec l’établissement de petits royaumes et la construction de temples, de stupas et de palais qui témoignent encore aujourd’hui du rayonnement artistique de cette période.

La période des royaumes Malla (12e – 18e siècle)

Entre le XIIe et le XVIIIe siècle, le Népal est dominé par la dynastie Malla, qui règne principalement sur la vallée de Katmandou. Trois royaumes principaux émergent : Katmandou, Bhaktapur et Patan. Cette période est marquée par une rivalité constante entre ces cités-États, mais aussi par un essor culturel, religieux et architectural sans précédent.

Les Malla ont grandement contribué au patrimoine artistique du Népal, avec la construction de magnifiques temples newars, de palais royaux et de places publiques (Durbar Square), aujourd’hui classés au patrimoine mondial de l’UNESCO.

L’unification du Népal par Prithvi Narayan Shah

Au XVIIIe siècle, le roi Prithvi Narayan Shah, souverain du petit royaume de Gorkha, lance une campagne d’unification du Népal. Il réussit à conquérir les royaumes Malla et à fonder l’État népalais moderne en 1768. Katmandou devient la capitale du royaume unifié.

Prithvi Narayan Shah initie une politique isolationniste pour préserver l’indépendance du Népal face aux puissances coloniales voisines, notamment les Britanniques présents en Inde. Cette stratégie permet au Népal de conserver son autonomie pendant la période coloniale, contrairement à ses voisins.

Le XIXe siècle : luttes de pouvoir et guerre anglo-népalaise

Au XIXe siècle, le Népal entre dans une période trouble. En 1814-1816, le pays affronte les Britanniques lors de la guerre anglo-népalaise. À l’issue du traité de Sugauli (1816), le Népal perd un tiers de son territoire, mais conserve son indépendance politique, devenant un État tampon entre l’Inde britannique et le Tibet.

Peu après, une nouvelle dynastie émerge : les Rana, qui imposent une dictature héréditaire de 1846 à 1951. Les rois sont relégués à un rôle purement symbolique, tandis que les Premiers ministres Rana exercent un pouvoir absolu. Cette période est marquée par l’isolement international du pays et un fort retard économique et éducatif.

Le retour à la monarchie et les débuts de la démocratie

En 1951, grâce au soutien populaire et à une révolte soutenue par l’Inde, le système Rana est renversé. La monarchie est restaurée avec le roi Tribhuvan, et un processus de démocratisation commence. En 1959, des élections parlementaires sont organisées, mais le roi Mahendra suspend la constitution l’année suivante et instaure un système de gouvernement autoritaire appelé le panchayat.

Vers une démocratie multipartite

Le mouvement démocratique de 1990, soutenu par une large mobilisation populaire, met fin au système panchayat. Une nouvelle constitution instaure une démocratie multipartite sous monarchie constitutionnelle. Cependant, l’instabilité politique persiste, avec des changements de gouvernement fréquents et une insatisfaction populaire croissante.

La guerre civile maoïste (1996-2006)

En 1996, débute une insurrection maoïste dirigée par le Parti communiste du Népal (maoïste), qui revendique l’abolition de la monarchie et la création d’une république populaire. Ce conflit armé dure dix ans et cause la mort de plus de 17 000 personnes, principalement en milieu rural.

La guerre s’achève en 2006 avec la signature d’un accord de paix. Le roi Gyanendra, qui avait tenté de reprendre le pouvoir absolu en 2005, est contraint d’abdiquer suite à un vaste mouvement populaire en faveur de la démocratie.

La République fédérale démocratique du Népal

En 2008, la monarchie est officiellement abolie et le Népal devient une République fédérale démocratique. Une Assemblée constituante est chargée de rédiger une nouvelle constitution, qui sera adoptée en 2015 après plusieurs années de débats et de tensions ethniques et régionales.

La constitution de 2015 instaure un système fédéral composé de sept provinces, avec un président en tant que chef d’État et un Premier ministre en tant que chef de gouvernement. Depuis, le Népal poursuit son processus de consolidation démocratique, malgré des défis persistants comme les tensions communautaires, les séquelles de la guerre civile et les difficultés économiques.

Conclusion

L’histoire du Népal est un véritable récit de résilience, de luttes et de transformations. De ses origines anciennes à la monarchie, de l’unification à la guerre civile, le pays a su conserver son indépendance et forger une identité propre. Aujourd’hui, en tant que jeune république démocratique, le Népal continue d’écrire son histoire en conciliant tradition et modernité, dans un contexte géopolitique complexe et une géographie exigeante.