Économie

Économie du Népal : état actuel, défis et perspectives

Le Népal, pays enclavé d’Asie du Sud niché entre la Chine et l’Inde, possède une économie en transition. Malgré un potentiel significatif dans des secteurs tels que le tourisme, l’agriculture et l’hydroélectricité, l’économie népalaise fait face à plusieurs défis structurels. Dans cet article, nous allons explorer les principales caractéristiques de l’économie du Népal, les opportunités de croissance et les obstacles au développement.

Une économie dominée par l’agriculture

L’agriculture est la colonne vertébrale de l’économie népalaise. Environ 60 % de la population active dépend directement de ce secteur, qui représente entre 25 et 30 % du PIB national. Les principales cultures comprennent le riz, le maïs, le blé, les légumes et les fruits.

Cependant, l’agriculture au Népal reste en grande partie de subsistance. L’utilisation limitée de technologies modernes, le morcellement des terres et la dépendance vis-à-vis des précipitations affectent la productivité. Des efforts sont en cours pour moderniser le secteur grâce à l’irrigation, à la mécanisation et à la formation des agriculteurs.

Le tourisme : moteur de devises étrangères

Le tourisme est l’un des principaux piliers économiques du Népal. Le pays attire les amateurs de trekking, d’alpinisme et de spiritualité grâce à ses paysages himalayens spectaculaires et son riche patrimoine culturel. Des sites emblématiques comme Katmandou, le parc national de Chitwan ou le mont Everest figurent parmi les attractions majeures.

Avant la pandémie de COVID-19, le tourisme représentait environ 8 % du PIB et générait des centaines de milliers d’emplois. Bien que le secteur ait été fortement affecté par les restrictions de voyage, il montre des signes de reprise grâce à l’assouplissement des mesures sanitaires et à la promotion du tourisme durable.

Les envois de fonds : une source de revenus cruciale

Une caractéristique unique de l’économie népalaise est la dépendance aux transferts de fonds de la diaspora. Plus de deux millions de Népalais travaillent à l’étranger, principalement dans les pays du Golfe, en Malaisie et en Inde. Les envois de fonds représentent plus de 20 % du PIB du pays, jouant un rôle essentiel dans la consommation des ménages et la réduction de la pauvreté.

Bien que ces flux financiers soient bénéfiques à court terme, ils posent aussi des défis : dépendance extérieure, fuite des cerveaux, et faible création d’emplois locaux. Le gouvernement cherche à canaliser ces ressources vers des investissements productifs et à améliorer les conditions de travail des migrants.

Le potentiel inexploité de l’hydroélectricité

Le Népal dispose d’un énorme potentiel hydroélectrique estimé à plus de 80 000 MW, dont seulement une fraction est exploitée. L’expansion de ce secteur pourrait transformer l’économie nationale en une source majeure d’énergie verte, à la fois pour la consommation locale et pour l’exportation vers l’Inde et la Chine.

Des projets comme le barrage d’Arun III ou les accords d’échange énergétique avec l’Inde témoignent de cette volonté. Toutefois, les investissements sont freinés par des obstacles bureaucratiques, un manque d’infrastructures et un climat politique instable.

Un secteur industriel limité mais en développement

Le secteur industriel du Népal reste modeste, représentant environ 13 % du PIB. Il est principalement axé sur les produits agroalimentaires, les textiles, le ciment, le thé et les produits artisanaux. Le pays bénéficie d’un accès préférentiel aux marchés indien, chinois et européen, ce qui constitue un avantage compétitif.

Malgré cela, l’industrie népalaise est confrontée à des défis tels que les pénuries d’électricité, les grèves, la dépendance à l’importation de matières premières, et un environnement des affaires peu favorable. Le gouvernement met en place des zones économiques spéciales (ZES) pour encourager les investissements étrangers et relocaliser des chaînes de valeur.

Le commerce extérieur : déficitaire mais stratégique

Le Népal affiche un important déficit commercial. Le pays importe massivement des produits de consommation, des carburants et des biens d’équipement, principalement de l’Inde, avec laquelle il entretient une relation économique étroite. Les exportations, quant à elles, se limitent à quelques produits : tapis, vêtements, plantes médicinales, et produits agricoles.

Pour réduire ce déséquilibre, le Népal tente de diversifier ses partenaires commerciaux, de promouvoir le « Made in Nepal » et de renforcer ses capacités d’exportation. La connectivité logistique, notamment via le port indien de Kolkata, reste un enjeu crucial.

Les défis structurels de l’économie népalaise

Malgré ses ressources naturelles et humaines, le Népal fait face à plusieurs obstacles au développement :

  • Instabilité politique : la transition vers une république fédérale démocratique a été longue et complexe, affectant la gouvernance économique.
  • Pauvreté rurale : une grande partie de la population vit dans des conditions précaires, en particulier dans les régions montagneuses.
  • Manque d’infrastructures : routes, électricité, eau potable et internet sont souvent insuffisants ou inégalement répartis.
  • Corruption : les lenteurs administratives et la mauvaise gouvernance découragent les investissements privés.

Perspectives de développement et opportunités

Malgré ces difficultés, les perspectives économiques du Népal sont encourageantes. Le pays mise sur plusieurs leviers pour stimuler sa croissance :

  • Tourisme durable : en développant l’écotourisme, le Népal peut créer de la valeur tout en préservant son environnement.
  • Investissements en infrastructures : grâce à l’aide internationale (Chine, Banque mondiale, ADB), le pays modernise ses routes, ses aéroports et son réseau électrique.
  • Digitalisation : la croissance des technologies de l’information offre des opportunités pour les jeunes entrepreneurs.
  • Autonomisation des femmes : leur participation accrue dans l’économie améliore la résilience sociale.

Conclusion

L’économie du Népal est marquée par sa dépendance à l’agriculture, aux envois de fonds et au tourisme. Bien que le pays soit confronté à d’importants défis structurels, les opportunités de croissance existent grâce à ses ressources naturelles, à sa jeunesse dynamique et à son positionnement géographique stratégique. Pour assurer une croissance inclusive et durable, le Népal doit renforcer ses institutions, diversifier son économie et investir dans le capital humain et les infrastructures. Une transition réussie vers une économie moderne pourrait transformer le pays en un modèle de développement montagnard en Asie du Sud.